Porte-parole

 

 

 

 

Jacques Pasquet - Porte-parole

 

La crue des mots

 

Quoi de plus évocateur que cette force de la nature qu'est la crue des eaux pour un festival littéraire ! Ce flot qui déborde de son lit, s'étale et s'étend. Je me souviens d'un commentaire entendu lorsque j'étais jeune : La culture, c'est comme la confiture. Moins tu en as, plus tu l'étales. J'ignore si l'équipe du CLAC a voulu faire un pied de nez à cette proposition mais, chose certaine leur intention serait plutôt du genre La culture, plus tu l'étales, plus tu en as... et c'est aussi bon que la confiture. Cette notion de culture si souvent perçue comme inutile, la mal aimée des campagnes électorales, celle à la quelle il est si facile de s'attaquer lorsqu'on veut sabrer dans un budget. Elle est comme un oiseau qu'on aime tenir en cage, ça fait bien dans un salon. Par contre, pas question de la laisser prendre son envol. On aime mieux lui couper les ailes.

 

Si je suis honoré d'être le porte-parole de cet événement, c'est parce que je partage pleinement la détermination et l'engagement de cette équipe de faire rayonner la culture au cœur de chaque foyer. Qu'on ne s'y trompe pas la culture ça doit se consommer sans modération. C'est la meilleure façon d'en découvrir les nuances et les saveurs. Elle n'est pas l'apanage d'une classe sociale. Elle est la mémoire de tout ce qui donne sens à l'humain, qui tisse une famille, un village, une région, un pays. Elle est le regard sur l'autre, sur les autres, sur l'ailleurs. Elle se trouve autant dans les gestes de l'artisan que dans celui de celles et ceux qui s'adonnent à leur passion de créer. Elle est l'âme du rêveur qui nourrit le quotidien de couleurs, de musiques, de mots, de sculptures ou d'images et même de silences. La culture est l'un des plus beaux parfums de la vie.

 

Alors quoi de mieux que de voir cette Crue des mots sortir de sont nid et s'étendre partout longtemps, longtemps... jusqu'à la fin des temps comme on dit dans les contes !

Jacques Pasquet

Invitée d'honneur

 

Nicole Testa - Invitée d'honneur

 

 

Que fait-on d'un Joli Mont ?

 

Il y avait un Joli Mont. Sur le Joli Mont, deux enfants discutaient.

Un petit et un grand.

- Que fait-on d'un Joli Mont? demande le petit.

- Un endroit pour rêver! répond l'autre.

- Avec des maisons aux murs en papier pour dessiner.

- On pourrait peindre juste au-dessus un bout de ciel bleu ciel. Et y accrocher des nuages en ribambelles.

- On pourrait le décorer d'un long ruban de paillettes. C'est joli les paillettes. ça fait cligner les yeux. Des paillettes bleues?

- Si tu veux. Bleues océan, ajoute le grand.

- J'aimerais aussi un jardin... enchanté!

- Bien sûr.

- Avec des fleurs papillons qui s'envoleraient. Des fleurs bleues. C'est pour aller avec le ciel et le ruban.

- Tout autour du Joli Mont, on sèmerait de la poudre de fée.

- Bleue!

- Tu ne trouves pas qu'il y a trop de bleu?

- Le bleu ça fait rêver.

- Un si Joli Mont ne peut rester seul. Il faut des enfants, beaucoup d'enfants pour le visiter.

- Comment fait-on pour trouver autant d'enfants? demande le petit.

- On a qu'à inventer une histoire. Les histoires ça attire les enfants.

- On imaginerait une histoire qui parlerait du «Joli Mont»?

-Oui et on la déposerait dans un livre.

On fabriquerait des milliers de livres.

-Alors il y aurait des milliers de «Joli Mont»?

-Oui.

-Mais qui raconterait l'histoire du Joli Mont?

-Les papas et les papis, les mamans et les mères-grands.

-C'est vrai qu'ils aiment raconter, approuve le petit.

-Tu sais pourquoi?

-Non.

-Je vais te dire un secret. Les papas et les papis, les mamans et les mères-grands aiment raconter des histoires

parce qu'ils redeviennent des enfants.

 

Le petit, songeur, répond :

-Alors toi aussi tu es un enfant, papa?

-Approche, je vais te raconter.

Il était une fois... un Joli Mont.

Sur le Joli Mont, deux enfants rêvaient

la tête dans le ciel bleu étoile.

Un petit et un grand.

 

J'étais à rédiger un texte sur l'importance du festival de littérature jeunesse dans la Mitis quand l'idée du «Joli Mont» s'est invitée.

De façon plutôt insistante.

Je ne me suis pas faite prier pour suivre la piste du conte.

Il rappelle comment les adultes sont d'importants passeurs d'histoires, de livres.

Quand ils consentent à ajuster leur regard à hauteur d'enfance et à se laisser toucher par la magie, ils donnent aux enfants la clé pour trouver le «fil de la merveille».

Merci à Julie Boivin et à son équipe d'offrir à notre région ce moment qui nous rassemble autour du Joli Mont pour créer des «petits merveilleux».

 

Nicole Testa